Le cannabidiol, plus connu sous l’abréviation « CBD », est une molécule non psychotrope et non addictive extraite de la plante Cannabis L. Sativa, ou chanvre cultivé.
Connu pour ses propriétés antalgiques, apaisantes et anti-inflammatoires, le CBD fait l’objet d’un certain engouement de la part de la communauté scientifique. Voici une revue de littérature sur les trois applications thérapeutiques envisagées : les syndromes épileptiques, la schizophrénie et les troubles du sommeil.
Le CBD et les syndromes épileptiques
C’est sans conteste l’application thérapeutique la plus prometteuse, dans la mesure où elle a fait l’objet d’une demi-douzaine d’études rigoureuses, notamment sous la conduite du professeur Orrin Devinsky, sommité de la recherche sur l’épilepsie.
Des données solides soutiennent en effet la capacité du cannabidiol à limiter les convulsions. Cette application fait d’ailleurs partie des indications définies par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) dans le cadre de la grande expérimentation du potentiel thérapeutique du CBD et du THC par le ministère de la Santé et des Solidarités, et dont les premiers résultats sont attendus pour courant 2023. Outre-Atlantique, la FDA a déjà approuvé les médicaments au CBD en tant qu’anticonvulsifs.
Cette dynamique a été enclenchée à la suite de trois études scientifiques dirigées par le professeur Devinsky entre 2017 et 2018 qui ont mis en exergue le potentiel du CBD à :
- Réduire la fréquence des crises atoniques de 42 % chez les jeunes patients atteints du syndrome épileptique de Lennox – Gastaut ;
- Réduire le nombre de crises d’épilepsie de 50 % chez 43 % des jeunes patients atteints du syndrome de Dravet.
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter ce dossier complet sur les avantages du CBD et son potentiel thérapeutique.
Le CBD et la schizophrénie
La capacité du CBD à faciliter la signalisation endocannabinoïde et l’antagonisme aux récepteurs CB1 en fait une substance envisagée pour aider les patients atteints de schizophrénie à améliorer leur qualité de vie grâce à une meilleure maîtrise des symptômes. Il faut savoir que le cannabis (et non le CBD) a déjà fait l’objet d’études en ce sens, avec des conclusions prometteuses concernant ses propriétés antipsychotiques.
Selon une grande étude publiée en 2014, la densité des récepteurs CB1 est corrélée à l’intensité des symptômes de la schizophrénie, et l’antagonisme du CBD au niveau de ces récepteurs pourrait expliquer l’action de la molécule dans la réduction des symptômes chez un petit échantillon de patients. Une autre étude randomisée en double aveugle (CBD et amisulpride) a montré une amélioration clinique significative des symptômes de la schizophrénie dans les deux groupes, avec toutefois une meilleure tolérance pour le CBD, notamment sur les effets secondaires extrapyramidaux, la prise de poids et la sécrétion de prolactine.
McGuire a tenté d’évaluer l’innocuité et l’efficacité des traitements d’appoint au CBD par rapport aux schémas antipsychotiques existants dans le cadre d’un essai randomisé multicentrique en double aveugle mené auprès de patients schizophrènes. L’équipe a constaté des niveaux inférieurs de symptômes psychotiques à six semaines dans le groupe CBD par rapport au groupe placebo, avec des taux similaires d’effets indésirables.
Les auteurs estiment que le CBD représente probablement une nouvelle classe de traitement pour la schizophrénie, car il ne semble pas dépendre de l’antagonisme de la dopamine.
Le CBD et le sommeil
Dans les pays développés, le manque de sommeil est un véritable problème de santé publique. Le baromètre du sommeil de Santé Publique France estime que les Français ont perdu environ une heure et demie de sommeil par nuit en l’espace d’une cinquantaine d’années. Selon l’Ifop, 7 Français sur 10 affirment souffrir de problèmes de sommeil.
Connu pour ses propriétés relaxantes et apaisantes, le CBD a naturellement été envisagé dans le cadre du traitement de l’insomnie et d’autres troubles du sommeil. Cette étude ambitieuse a testé le CBD chez 103 patients adultes souffrant de problèmes de sommeil, avec des résultats encourageants. En effet, le cannabidiol a permis de réduire les scores d’anxiété chez 79,2 % des participants et d’améliorer le sommeil chez les deux tiers des patients. « Tous les signaux convergent vers un effet calmant du CBD sur le système nerveux central », peut-on notamment lire dans le rapport d’étude.
Ces conclusions ont été confirmées par une autre étude qui explique que le CBD contribue à réduire l’intensité des troubles du sommeil paradoxal, notamment la verbalisation nocturne, les spasmes et autres mouvements brusques.